𝖲𝖺𝗎𝗌𝗌𝗂𝗇𝖾𝗌, 𝗅𝗂𝖾𝗎𝗑 𝖾𝗍 𝗁𝗂𝗌𝗍𝗈𝗂𝗋𝖾

L’église Saint-Étienne [1]

Ce bel édifice du second âge roman, classé Monument historique, est l’un des mieux conservés de la vallée du Vidourle, construit à partir du XIèmesiècle (citée en 1090 dans le cartulaire de Maguelone) sur l’emplacement d’un prieuré du IXèmesiècle.

Le chevet a probablement été surélevé au XIVème. La façade ouest, d’une beauté austère, s’ouvre par un portail à double ressaut, encadré par deux portails aveugles. La porte fut détruite en 1907 lors des inventaires des biens de l’église.

La façade Sud fut malheureusement transformée par l’adjonction d’une chapelle au XVIIIèmesiècle. Elle porte également deux marques sujettes à controverse.

Au cours des guerres religieuses du XVIIèmesiècle dont le Languedoc fut le principal théâtre, le Duc de Rohan chef des armées protestantes stationnées à Sommières fit raser le clocher de Saussines en 1622, après l’attaque et la destruction du château de Montlaur.

La tradition orale a préservé et transmis l’explication de ces deux traits : un « Interdit » imposé aux catholiques (« églises barrées »), pour punir les Saussinois d’avoir prévenu le château de Montlaur de l’attaque. Des sources textuelles disparues depuis mais rappelées dans le livre d’ Emile Gastal « Saussines » faisaient état de cette histoire.

D’autres voient dans cet angle aigu des marques d’ancrage de toitures anciennes.

A l’intérieur de l’église, ce sont les deux chapiteaux de l’arc triomphal qui attirent le regard. Ils sont sculptés, l’un de feuilles d’acanthes, l’autre de personnages paraissant lutter avec des monstres et d’un oiseau aux ailes déployées monté sur le dos d’un quadrupède. Pour certains ce chapiteau serait d’origine wisigothique. Représente-t-il le juste et le damné ?

Descendre la rue de l’église, rejoindre tout de suite à droite l’avenue de St Hilaire au lieu-dit « la Côte » et tourner encore à droite Rue du Château.

Le château

La seigneurie de Saussines fut inféodée en 1183 à Pierre de Ribaute. Jusqu’au milieu du XVIIèmesiècle un membre de la famille De Bashi d’Aubais est seigneur des lieux.

En 1644, Estienne de Cazalet devient le premier seigneur autonome. Il fait construire « le château » grande maison cossue à deux étages , (sans doute bâtie sur ce qui devait être l’ancien prieuré) dont «… L’entrée principale, au sud, ouvrait sur un large hall qui desservait deux grandes salles de chaque côté et les communs au fond…. Un grand escalier menait à l’étage. »

Au XVIIIèmeles De Solas décidèrent de faire construire l’aile nord pour avoir un vrai château. « Tout l’effort architectural avait été porté sur le raccordement de cette partie ancienne avec le nouveau bâtiment qui se terminait par une sorte de donjon coiffé d’un toit en poivrière… Les deux corps furent reliés par une galerie à balustres supportée par des arcades, qui fermait la cour du côté ouest. Une grande fenêtre à meneaux donnait sur cette cour au premier étage de l’aile XVIIIème. Un escalier monumental permettait de circuler dans l’ensemble de la demeure en empruntant la galerie. » G. Alary

Continuez en empruntant la Grand-rue à gauche puis la rue du Moulin à Vent.

A voir façade de style Art Déco.

Coupez la Rue Neuve et empruntez le petit passage (Caillerette) qui vous emmènera Avenue de Boisseron. Prendre à gauche.

À l’intersection avec l’avenue de Sommières, vous pourrez découvrir en contrebas de la route sur la droite un lavoir en activité.

Emprunter la Rue Neuve sur votre gauche pour revenir vers le parking en passant par le quartier St Victor.

 

Maisons de caractère et maisons vigneronnes

La plupart du bâti ancien date du XVIIème, XVIIIème, XIXèmesiècle. Certaines maisons portent des dates (dates gravées dans la pierre à l’intérieur et à l’extérieur de certaines maisons, ce qui nous permet d’imaginer le village sous Louis XIV, Louis XV, la Révolution de 1789, Napoléon Ier).

Les maisons vigneronnes sont nombreuses et toutes en pierre (carrières). Elles représentent l’essor de la viticulture dans la région du Vidourle.

Les plus anciennes, à proximité de l’église avec leurs escaliers extérieurs et leur cave-remise en rez-de-chaussée, restent modestes.

D’autres sont de belles demeures viticoles, témoignant de la prospérité de la fin du XIXèmesiècle après le phylloxéra et les crises viticoles. Elles ont de grands portails aux piliers de pierre, une cave particulière, quelques-unes ont conservé une bergerie et les balcons ou grilles de la maison d’habitation se veulent bourgeoises et portent les initiales des propriétaires.

Particularités

Ce que l’on appelle les « empègues »,mot dérivé de l’Occitan qui veut dire coller, sont des marques faites au pochoir sur les portails et les façades qui prouvent que les propriétaires des lieux ont donné un peu d’argent pour financer la fête votive. Les jeunes passent de maison en maison et distribuent des fougasses pour quelques pièces.

La flore

Oliviers, figuiers, micocouliers, cyprès, pins… Ces quelques essences, présentes tout le long du circuit de découverte de Saussines, sont parfaitement adaptées au climat méditerranéen.

Le figuier: résistant au gel comme aux grosses chaleurs, il s’accommode à tous les terrains et à tous les supports.

Le micocoulier: en grec signifie « celui qui produit de minuscules baies ». « Chasse-diable » en Italie, il était planté à l’entrée des églises pour cette vertu.

Le cyprès: l’arbre traditionnel des cimetières du sud de la France tient son nom de l’île de Chypre. Sa forme en chandelle sert de brise-vent pour les cultures.

L’olivier: symbole de fécondité pour son aptitude à renaître après les gels ou incendies ; symbole de force pour sa longévité ; symbole de sagesse et bien sûr, symbole de paix. C’est l’arbre le plus précieux du Midi.

Le mûrier: très présent dans le village, il est le témoignage passé de l’élevage du ver à soie dans la région ( Magnanerie du Mas de Boule à Saussines ).

 

Bref résumé de l’histoire de Saussines

Existence probable dès l’époque romaine :Fouilles de deux scientifiques et latinistes Saussinois Paul Achard et A. Bonnafé.

Vestiges archéologiques trouvés sur une voie romaine Nîmes Sommières Tréviers passant aux abords de Camp Rouget [2] : dolicem, fragments de tuiles romaines, poterie, verrerie, aiguilles en os, pièces de monnaie en bronze (Empereur Trajan), statuette en os gravée POMPE IUS (guerrier romain), fragment de plomb (Auguste et Agrippa + crocodile), médaille romaine trouvée en 1925 représentant le rapt de Cassandre par Ajax (Musée de Nîmes).

IXèmesiècle :La terre de Salcinisfut donnée au petit-fils de Charlemagne Théodomir le 30 Juin 884. La puissante abbaye de Psalmodie créée par des Bénédictins venus de St Victor de Marseille, (entre St Laurent d’Aigouze et Aigues-Mortes) établit l’un de ses 60 prieurés à Saussines. « On a beaucoup parlé de ces moines défricheurs du Moyen Age. Autour du prieuré qui représentait un recours dans ces périodes d’insécurité vinrent s’établir quelques familles et ce fut le premier fondement du village. Dans les siècles qui suivirent, la puissance de Psalmodie alla en décroissant (invasions sarrasines et plus tard guerres de religion)… pour liquider les dettes les prieurés furent vendus… pour abréger une histoire d’échanges et de confiscations où intervient le roi St Louis, Saussines appartient au seigneur du Caylar, seigneur d’Aubais par la suite »… G. Alary

XI-XIIème: Construction de l’église

XVème : Mention de la chapelle St Victor attachée à une maladrerie sur le territoire de Saussines au lieu-dit « les Musettes », (ordre St Jean de Jérusalem St Christol) détruite en 1550. Témoins de ce passé : Rue St Victor et lieu-dit « la Barrière » au Chemin des Olivettes (les « pestiférés » s’annonçaient avec une clochette et n’allaient pas au-delà ; on leur apportait à manger).

XVIème : Guerres de religion puis Édit de Nantes (Henri IV). Prospérité de la magnanerie du Mas de Boule, propriété de la Comtesse de Noailles (commerce de la soie avec Ganges).

XVIIème :

Par rapport au reste du royaume, nous sommes dans la riche province du Languedoc qui s’étend du Rhône à Toulouse et qui a conservé les particularités du droit romain donc droit écrit, d’où le premier « compoix »en 1600, qui n’est autre qu’un cadastre, mais qui sert également à recenser la population . Il s’ouvre sur une page enluminée consacrée à Messire Jehan Bérard, lieutenant de juge de Saussines en la Barony d’Aubais.

Ce compoix fait état de : 44 propriétaires (terres à blé, oliviers, mûriers, peu de vignes, bois, moutons), ménagers, bergers, cardeurs, tisserands, facturiers en laine, laboureurs, ouvriers agricoles. 25 feux.

1629 : la peste

Période trouble après laRévocation de l’Edit de Nantes. Guerres de religion.

1685 : Abjuration d’Etienne de Cazalet seigneur de Saussines et de St Bénézet, protestant. Arrivée à Saussines de l’intendant du Languedoc qui met en place une sorte d’inquisition : abjurations massives : ex : 9 dans une journée (compoix).

Des protestants de Saussines, Galargues et environs seront déportés aux galères.

XVIIIème :

  • 1716 : École Royale au-dessus du four communal (Impasse du Château)
  • 1742 : délibérations sur la réparation du four / indemnisations pour les inondations (80 livres) / vérification du bétail à laine, 2750 bêtes soit 91 par habitant.
  • le conseil de communauté met à l’amende (3000 livres) ceux qui ont planté des vignes ( Arrêté de l’intendant du Languedoc). Arrachage obligatoire.
  • Seigneur de Solas : rapports difficiles avec le village. Construction du « deuxième » château.
  • 1750 : Aristarque De Meaux de Fortunezay entretient de biens meilleurs rapports avec le village .
  • 1787 : Louis de Meaux
  • 1789 : Le seigneur de Meaux devient le citoyen Demeaux. L’église devient le Temple de la Raison.
  • Premier maire républicain : Jacques Thouzellier. Louis de Meaux participe généreusement à la vie du village.

 XIXème :

– 1844 : construction de la mairie sur l’emplacement de l’ancien cimetière

– 1860 : vente du château et des terres

– 1863 : inauguration du temple

– 1870 : le phylloxéra et la Commune mettent un coup d’arrêt à la viticulture.

– 1907 : inventaire des biens de l’église

 

Merci à Monsieur Gastal qui a passé beaucoup de temps à déchiffrer les « compois », témoins de la vie de tous les jours dans le village, dans des temps très anciens.

 

 

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